vendredi 1 juin 2012

Le dernier jeu de rôle

Après mes 2 derniers messages où j'évoque l'impossibilité de s'unir au divin et de rester dans un état de paix constant qu'on appelle souvent l'éveil, j'ai envie de conclure le sujet avant de passer à d'autres réflexions un peu plus légères.

Pendant une grande partie de ma vie j'ai joué différents rôles et développés différents personnages, quand j'ai réalisé qu'aucun rôle ne me satisfaisait vraiment je me suis tourné vers la spiritualité et j'ai développé un nouveau personnage que j’appellerai le disciple.

Le disciple a une particularité qui le rend unique parmi tous les jeux de rôles possibles, c'est qu'il est prêt à se soumettre à Dieu, il est prêt à se soumettre à quelque chose qu'il reconnaît comme étant supérieur à lui. Néanmoins aussi remarquable que soit le rôle du disciple, qu'on pourrait très bien appeler aussi le méditant ou l'observateur, cela reste un rôle et qui dit rôle dit problème...

Dans mon dernier message j'explique qu'à chaque fois que je sens une ouverture en moi, je n'arrive pas à m’engouffrer dans la brèche. En fait pendant ces moments d'ouverture il se passe quelque chose de bizarre, c'est-à-dire qu'en réalité le moi/je fait l’expérience de la non-dualité. Or le moi/je ne peut pas par sa nature supporter la non-dualité, cela revient à envoyer du 100'000 volts dans un ampoule qui peut en supporter 100, elle explose tout de suite!

Il y a donc quelque chose de très déstabilisant dans l'éveil, à savoir que l'éveil n'est pas une expérience, l'éveil n'est pas un objet de perception, l'éveil ne peut ni se perdre ni se gagner. Dès qu'il y a un moi/je qui expérimente la non-dualité alors c'est une non-dualité tronquée. Je réalise aussi que ma vraie nature est complètement indifférente à tous les drames et scénarios qui se jouent dans le monde et surtout dans ma tête, elle est totalement inconditionnée. Voila un autre gros problème pour le disciple/méditant/observateur, il cherche désespérément le bonheur mais un bonheur conditionné. Être heureux sans raison, cela est insupportable pour le gentil disciple...

En me lisant on pourrait être tenté de croire que l'éveil est un truc complètement fou et inaccessible. En réalité je suis persuadé que c'est tout le contraire, il y a quelque chose de trop simple dans l'éveil, on ne le voit pas parce qu'on va chercher beaucoup trop loin ce qui est juste là devant nos yeux!
Pour reprendre une image assez répandue dans le bouddhisme, le soleil ne s'arrête jamais de briller, le mental peut le voiler avec son fatras de pensées et de concepts mais en aucun cas il ne peut l'éteindre...

"Vous réalisez que ce n’est pas vous qui vivez votre vie, mais la vie qui vous vit. La vie est le danseur et vous, la danse." Eckhart Tolle

spiritualité et non-dualité


5 commentaires:

  1. Si l'on parle à partir du conditionné, oui c'est déstabilisant, car l'on parle de "quelque chose", d'un état à retrouver, rejoindre et il y a un décalage qui se crée entre ce qui est et ce que l'on voudrait qui soit. Si l'on parle à partir de l'inconditionné, il n'y a pas de problème parce que le décalage n'existe pas, ce qui est, est parfait.

    Il n'y rien à y rajouter ni à y retrancher, nulle part d'autre où aller, rien à savoir.
    En fait c'est simplement apprendre à se poser et reposer là, sans attente de quoi que ce soit.

    Comme développer l'attente qui n'attend rien !

    Bonne soirée.
    Y

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  2. C'est très juste, c'est déstabilisant quand on se base sur le conditionné mais parfaitement naturel quand on se base sur... rien...

    D'après moi il s'agit de se positionner à un niveau antérieur à la naissance du moi/je, de laisser les perceptions se manifester dans un espace sans structure, de les laisser flotter j'ai envie de dire dans le vide, ou du moins dans un espace sans jugement, sans comparaison, sans étiquette.

    C'est ce que j'essaye de développer mais ce n'est pas vraiment naturel chez moi d'ETRE AVEC CE QUI EST, d'accepter ce qui est là sans rien ajouter ou retrancher comme vous dites.

    Qui sait ça va peut-être venir!?!

    Salutations
    Cédric

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  3. Vous avez raison non seulement ça va venir mais c'est déjà là. Il suffit de laisser se présenter l'espace.

    Cependant des pédagogies peuvent parfois donner un coup de pouce à la présentation de cette ouverture.

    Cordialement

    Y

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  4. Bonjour Cédric,

    Je me retrouve bien là dans tes mots. Moi aussi je ressens souvent cette sensation d'une difficulté à relier les deux bouts entre des expériences intérieures très fortes, difficilement communicables, où je ressens que je ne suis que courants d'énergie, et une vie au quotidien dans laquelle j'ai tendance à reprendre mes différentes casquettes. Sortir totalement de toute forme d'identification sans pour autant s'extraire de la société, j'avoue que pour le moment j'ai du mal à le vivre au quotidien. Et c'est probablement car j'essaie encore de "comprendre" comment faire pour y arriver, au lieu de lâcher mes peurs en me disant "advienne que pourra, je fais confiance."

    Dans le fond, j'y suis déjà de toute manière alors à quoi bon avoir peur?? Peur de se voir tel qu'on est réellement. Le vide et le tout. Le rien et l'absolu. Finalement, peut-être qu'abandonner l'égo n'a pas de raison d'être vécu dans la douleur. On n'a pas à sacrifier notre personnalité pour y arriver. Juste à lui accorder la place qui lui revient, celle d'être une infime partie de ce que nous sommes.

    Merci pour ton témoignage,
    Elise

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  5. Bonjour Elise,

    On dirait qu'on se rejoint bien au niveau du vécu et cette sensation d'osciller entre des états de conscience élevés et des états un peu plus "bébêtes".

    Je pense que le lâcher prise avec l'égo se fait tout seul, plus on est conscient et en contact avec notre nature "intemporelle et ultime" et plus l'égo perd de sa force.

    @+ bonne continuation
    Cédric

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